Quoi semer ?

De nombreuses espèces peuvent être semées comme couvert végétal. Les graminées, les crucifères, les légumineuses sont les familles botaniques les plus utilisées. Les espèces peuvent être semées pure ou en mélange.

Choisir ses espèces selon plusieurs critères :

  • Adaptation aux conditions environnementales et espèces rustiques pouvant lever facilement dans des conditions estivales rudes (sol sec et lit de semence non préparé) ;
  • Services rendus souhaités ;
  • Période d’interculture (courte ou longue), ou couverture pérenne ;
  • Diversifier les familles des cultures en rotation : choisir des espèces différentes des cultures de rente.

Chaque famille de couverts végétaux possède des avantages et des inconvénients résumés dans le tableau ci-dessous :

Familles botaniques
Fonctionnalités
Espèces testées en méditerranée
Avantages
Inconvénients
Graminées
Qualité structurale du sol Production de biomasse Couverture des sols Capte rapidement l’azote du sol
Attention aux rotations céréales
Sorgho, avoine, seigle forestier, moha
Crucifères
Implantation rapide Piège à nitrates, si azote fortement disponible Production de biomasse Couverture des sols
Attention aux rotations avec colza
Moutarde blanche, moutarde d’Abyssinie , radis chinois structurator, radis fourrager Iris, navette
Légumineuses
Restitution azote Utilisation en association
Implantation lente Attention rotation à base de pois, soja
Vesce commune, ers, pois fourrager, féverole d’hiver & de printemps, fénugrec, gesse
Autres
Bon effet coupure
Sarrasin, tournesol, phacélie
Tableau 1 : les différentes familles possibles de couverts végétaux.

Ces différentes familles se complètent, il convient donc de les associer pour tirer des couverts végétaux le maximum de bénéfices et s’assurer de leur réussite la plus optimale possible.

Mais attention, mélanger les couverts végétaux ne doit pas se faire n’importe comment. Il est essentiel de respecter quelques règles pour cela (voir ci-dessous).

Les espèce en pur

Au cours du projet, différentes espèces ont été testées en champ en région PACA. On peut donc synthétiser ces données dans le tableau ci-dessous :

Tableau 2 : Dates de semis préférentielles des couverts en région méditérannéenne.

Les mélanges d’espèces

Semer les couverts en mélange permet de « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » et de s’assurer un minimum de réussite théorique, en particulier dans des conditions climatiques aléatoires.

La réussite d’un mélange dépend beaucoup de sa composition. Il conviendra de :

  • Ne pas choisir des espèces inadaptées au contexte de semis, au risque de diluer la performance des couverts en pure ;
  • Choisir des espèces de familles botaniques différentes de celles des cultures de vente favorisant ainsi la (bio)diversité
  • Augmenter la densité de semis des espèces performantes en pure dans votre mélange ;
  • Associer des espèces à croissance rapide (crucifères, graminées) avec des espèces à croissantes lentes (légumineuses) pour maîtriser le salissement ;
  • Associer des espèces avec des systèmes racinaires complémentaires (systèmes fasciculés des graminées; pivot des radis ou des féveroles…).

Conseil :

semer un mélange de plusieurs espèces pour assurer l’implantation d’au moins une espèce.

Figure 1 : Biomasse hiver des couverts en espèce pure et mélange à Gréoux-les-Bains (2019)

Conseil :

Attention à la qualité de la composition pour ne pas pénaliser les espèces les plus performantes (Figure 1) !

Les mélanges ne sont pas forcément plus performants que la biomasse des couverts en pur.
Associer un couvert performant à un couvert peu performant risque de baisser la performance moyenne de la couverture : moins bonne rapidité de couverture et risque de salissement.
Il est important d’associer les espèces les plus performantes selon les conditions de semis.
Cela est d’autant plus vrai que la période d’interculture est courte.

Pour lutter contre les adventices, le plus efficace est d’avoir une couverture du sol rapide. Le choix des espèces les plus couvrantes rapidement (crucifères ou graminées selon les conditions) doit être le plus important pour la constitution du mélange.

Des exemples de mélange pour une interculture longue

La Chambre d’Agriculture des Alpes de Haute-Provence a mis en place des essais de mélange de couverts via la “Plateforme Interculture” en 2018-2019. Les couverts ont été semés en août puis détruits en mars.

Six mélanges ont été testés. Chaque mélange est composé d’au moins une légumineuse. Le mélange vesce commune & avoine (mélange 2) est utilisé par les agriculteurs de la région et peu coûteux.

Espèce
Quantité (kg/ha)
Mélange 1
Lentille alimentaire + Féverole + Pois fourrager
20 kg/ha + 60 kg/ha + 25 kg/ha
Mélange 2
Vesce commune + Avoine
60 kg/ha + 40 kg/ha
Mélange 3
Ers + Radis fourrager
60 kg/ha + 10 kg/ha
Mélange 4
Gesse + Avoine + Radis fourrager
30 kg/ha + 25 kg/ha + 5 kg/ha
Mélange 5
Sarrasin + Vesce velue + Navette
14 kg/ha + 16 kg/ha + 4 kg/ha
Tableau 3 : Composition des mélanges de couverts et la quantité de semis

Les essais ont permis de montrer que la lentille alimentaire (mélange 1) possède une bonne couverture du sol (Photo 1), que la gesse (mélange 4) produit peu de biomasse sous nos climats méditerranéens contrairement aux dires dans la bibliographie et que la moutarde d’Abyssinie (mélange 5) s’est bien installée, se traduisant par une forte production de biomasse et une bonne couverture du sol (Photo 2).

Conseil :

Laisser le couvert le plus longtemps possible !

Couverture spontanée

Au vu du contexte pédoclimatique de la région, la réussite du couvert semé n’est pas toujours garantie, une partie des agriculteurs bio choisissent donc la couverture spontanée des sols pour limiter les frais d’implantations et de semences de couverts. ​Cependant, au cours des premières années, toutes les espèces de la flore spontanée ne sont pas forcément désirées comme les amarantes, les chénopodes. Un entretien par un broyage ou pâturage est obligatoire pour réguler la couverture. La faible biomasse du couvert spontané enrichira modérément le sol et la vie microbienne.

Nos partenaires

Agribio 04 et Bio de PACA remercient l’ensemble des partenaires investis sur ce projet et dans la réalisation de ces supports :