Maraîchage
Les travaux du réseau bio de PACA sur les couverts végétaux en maraîchage
Dans les Alpes de Haute-Provence, Agribio04 anime depuis 2019 un travail sur l’intégration des couverts végétaux dans les rotations maraîchères en bio :
Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental (GIEE) “FertiSolBio04″ pour développer les couverts végétaux d’automne en maraîchage bio :
Page du projet : https://www.bio-provence.org/GIEE-FertiSolBio04-Ameliorer-la-fertilite-des-sols-en-maraichage-biologique
Entre 2019 et 2022, ce GIEE d’une dizaine de maraîchers a mis en place différents essais de couverts végétaux d’automne, mais également quelques couverts d’été sous-abris. Ces travaux ont permis d’améliorer les connaissances sur les couverts et leur effet fertilisant sur la culture suivante. Les maraîchers membres du GIEE ont perfectionné leur pratique et augmenté la part des surfaces couvertes pendant l’automne-hiver sur leur exploitation.
La majorité des maraîchers du groupe utilisent ces différentes espèces :
- La vesce commune d’hiver et le pois fourrager, pour leur adaptabilité et leur polyvalence, leur potentiel de biomasse, ainsi que pour la qualité de leur fixation d’azote et restitution à la culture suivante.
- La féverole d’hiver, pour son port érigé, sa racine pivot, son adaptation à des périodes de semis tardives, et son fort pouvoir fixateur d’azote.
- Le seigle ou l’avoine, pour leur polyvalence concernant la période de semis, leur système racinaire fasciculé, leur complémentarité avec les légumineuses citées ci-dessus, leur résistance au froid et leur potentiel important de biomasse.
- La moutarde (brune ou blanche), pour la diversification du couvert en tant que brassicaceae, la rapidité de couverture, la facilité de semis et l’effet piège à nitrate important en cas de gros reliquat d’azote sortie d’été. Intéressant pour couvrir rapidement les sols à l’hiver, et geler ensuite (selon contexte climatique local).
- Le sorgho fourrager, pour des semis de couverts d’été, en plein champ ou sous-abris, car il a un haut potentiel de biomasse, une bonne résistance à la sécheresse une fois la plante installée, et un effet nématicide (selon variété et stade de destruction). Nécessite de l’eau du semis aux premières feuilles.
D’autres espèces peuvent être utilisées, mais sont moins fréquentes pour des raisons de prix, d’accès à la semence au niveau local ou de manque de références :
- Le radis fourrager ou chinois, comme brassicaceae avec gros potentiel de biomasse racinaire, semis et installation rapide, et potentiel gélif important pour laisser place aux autres espèces du couvert ensuite.
- Le sarrasin, comme couvert végétal de printemps / été, pour ses effets allélopathiques, sa rapidité d’installation, son caractère attractif pour les pollinisateurs
- La phacélie, pour des raisons similaires au sarrasin, avec l’inconvénient lié au prix élevé de la semence, et des difficultés à trouver des graines locales.
- La cameline, le lin, la vesce velue, les trèfles, etc.
Groupe 30 000 “VerDETER04” pour développer l’agriculture de conservation des sols en maraîchage :
Page du projet : https://www.bio-provence.org/30-000-Conservation-des-sols-en-maraichage
Suite au GIEE FertiSolBio04, une partie des maraîchers a souhaité aller plus loin par la mise en place de pratiques de diminution du travail du sol, d’optimisation des couverts et d’amélioration des apports de matière organique. C’est ainsi qu’est né en 2023 le groupe 30 000 “VerDETER04”.
Après avoir systématisé au maximum les couverts végétaux, le collectif travaille maintenant sur la réduction du travail du sol pour le semis et la destruction de ces derniers, afin de préserver au maximum la fertilité du sol, de la mise en place des cultures à leur arrachage. En parallèle, le collectif souhaite développer les apports de matières organiques plus durables (broyat, compost, etc.), souvent réalisés à l’hiver sur les couverts végétaux en place. De plus, quelques suivis sont en cours sur la mise en place de cultures maraîchères sous couverts végétaux (ex. : trèfle incarnat dans les poireaux).
Dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône, Agribio84 anime depuis 2016 un groupe DEPHY en maraîchage bio qui travaille aussi la question des couverts végétaux :
Groupe Ecophyto DEPHY Ferme “Maraîchage bio 84 et 13” :
Page du projet : https://www.bio-provence.org/DEPHY
Le groupe Ecophyto DEPHY Ferme Maraîchage bio Vaucluse et Bouches-du-Rhône a été formé en 2016 et a été renouvelé en 2021 pour poursuivre ses actions pour 5 années supplémentaires. Il est aujourd’hui constitué de 9 fermes bio sur des circuits de commercialisation contrastés, entre circuit court et circuit long. Le projet collectif : optimiser la pratique des engrais verts et des couverts végétaux pour améliorer la fertilité des sols et mieux gérer les bio-agresseurs. Les thématiques travaillées sont : les techniques d’implantation et de destruction des couverts, l’augmentation de la part de l’amendement dans la fertilisation organique, mais aussi la réduction du travail du sol, la diminution du paillage plastique, les plantes de service, la production de préparations liquides riches en microorganismes pour protéger les plantes.
A l’échelle régionale (PACA), plusieurs projets sont en cours sur la massification de l’utilisation des couverts végétaux en maraîchage, dont le projet “Graines de Couverts” piloté par le Réseau Bio de PACA.
Page du projet / renvoi vers la page dédiée sur le site A couv’Vert : https://www.projets-bioprovence.fr/acouvert/toutes-filieres/
Le projet propose un catalogue de semences de couverts végétaux bio et produites en région PACA par nos producteurs céréaliers, pour des semis d’automne ou de printemps (selon espèces). Ce projet vise à approvisionner les agriculteurs ayant des besoins de petits conditionnements, comme les maraîchers, à des prix abordables pour toutes et tous. En parallèle, les Agribios continuent d’expérimenter et optimiser les pratiques d’implantation et de destruction des couverts végétaux, ainsi que l’utilisation d’espèces intéressantes mais peu utilisées comme le radis, le millet, la phacélie, ou des légumineuses innovantes comme certaines vesces.
Les travaux du GRAB sur les couverts végétaux en maraîchage
Le GRAB mène depuis de nombreuses années des expérimentations sur l’introduction des couverts végétaux dans les rotations maraîchères en bio.
Projet COPREAU : des couverts végétaux pour préserver la ressource en eau
Page du projet : https://www.grab.fr/copreau/
De 2018 à 2020, ce projet a visé à mettre au point, évaluer et développer des pratiques innovantes de maîtrise des adventices via l’utilisation de couverts végétaux. Le projet a porté sur l’étude de plusieurs solutions techniques permettant de protéger la qualité de l’eau en réduisant l’utilisation d’herbicides et d’engrais, notamment azotés. Concernant les couverts végétaux, les thèmes suivants ont été travaillés :
- Mulch organique “de transfert” en couverture de sol sur culture d’été sous abri : tests avec du foin de luzerne en couche de 6 cm sous abri ; le mulch s’est avéré tout à fait efficace pour limiter le développement des adventices, ne laissant passer que quelques graminées, et a également visiblement contribué à la nutrition de la culture de tomate qui était visuellement plus vigoureuse et plus verte que sur les autres modalités
- Screening de couverts pour l’inter-rang des cultures d’été sous abri : le Nyger, les trèfles de Perse et d’Alexandrie et la luzerne sont ressorties comme les plus intéressantes
- Implantation de cultures dans des couverts végétaux d’automne couchés au rouleau faca : tests sur des cultures de salade et de haricot vert. Pour la salade, les couverts couchés assurent une bonne couverture du sol pendant la culture et limitent significativement le développement des adventices. Le rendement obtenu pour la salade est inférieur si le couvert végétal d’interculture est principalement composé de blé mais n’est pas affecté si le couvert est composé de féverole. Le mode de destruction n’a pas d’effet notable sur le niveau de productivité. Pour le haricot, c’est le mode de destruction qui influe le plus sur le rendement, la modalité “rouleau faca” présente un retard d’une dizaine de jours à la récolte par rapport aux autres modalités, et un rendement réduit. Les températures de sol plus élevées observées en engrais vert travaillé (et on roulé) pendant le début du cycle des cultures peuvent en partie expliquer la croissance plus lente sur les modalités « rouleau faca », notamment sur le haricot, plus exigeant en températures que la salade.
Projet MARCO : Maraîchage sur couverts végétaux sans herbicides
Page du projet : https://www.grab.fr/projet-marco/
De 2020 à 2022, ce projet a eu pour objectif d’accompagner les maraîchers biologiques et conventionnels souhaitant s’inscrire dans l’agriculture de conservation, en développant l’utilisation et la maîtrise de couverts végétaux sans herbicide afin d’implanter les cultures sans travail du sol, ou avec un travail du sol localisé à la ligne de plantation (strip-till).
Les expérimentations conduites ont permis de :
- fournir de nombreux résultats sur la mise en œuvre de la pratique et ses performances agronomiques,
- identifier les principaux verrous techniques et les leviers potentiels d’amélioration (tels que la fertilisation et/ou l’irrigation accrue à la plantation)
- proposer une aide à la décision, via des schémas décisionnels, pour favoriser l’adoption et la réussite de cette pratique par les maraîchers en l’intégrant dans une approche systémique.
Les résultats obtenus montrent que la technique d’implantation des cultures maraîchères dans des couverts végétaux couchés au rouleau faca et maintenus en surface lors de la culture suivante (avec un travail du sol limité aux lignes de plantation) nécessite quelques conditions pour réussir :
- Des couverts végétaux semés assez tôt à l’automne avec des espèces et doses de semis adaptées de façon à atteindre au printemps 1) une biomasse suffisante, 2) le stade phénologique adapté (début grain pâteux pour les graminées, gousse pour les légumineuses) à la destruction par rouleau et 3) la maîtrise des adventices.
- Une disponibilité en eau suffisante au printemps lors de l’implantation des cultures car le sol est asséché par la croissance des couverts au printemps. Cette contrainte s’avère d’autant plus forte si les couverts végétaux sont semés au printemps.
Sur les essais « système », où les temps de travaux sont mesurés, cette technique montre des avantages indéniables de réduction du temps passé aux différentes opérations culturales. Lorsque les couverts produisent une biomasse suffisante, ils assurent une bonne maîtrise des adventices pendant la culture et permettent de réduire le temps de désherbage. Ils semblent également que la fertilité des sols soit préservée en termes de structure et d’activité biologique, même si ce n’est pas toujours le cas (sol limono-argileux en PACA).
Néanmoins, les résultats culturaux sont globalement inférieurs que dans les itinéraires de référence, en particulier sur les cultures semées qui germent très mal, et la perte de précocité est générale en lien avec un moindre réchauffement du sol au printemps.
Projet COUVREAU : Utiliser des couverts végétaux pour protéger les sols et l’eau en production agricole méditerranéenne
Page du projet : https://www.grab.fr/projet-couvreau/
Ce projet encore en cours (2023-2025) vise à mettre au point, évaluer et développer des pratiques innovantes de maîtrise des adventices via l’utilisation de couverts végétaux, ceci en maraîchage, mais aussi en cultures pérennes (arboriculture, viticulture). Les pratiques à l’étude dans le projet sont :
- l’utilisation de couvre-sols rustiques sur le rang de cultures pérennes,
- l’épandage de couverts fauchés « endogènes » (mulch de transfert) ou de paillages organiques « exogènes » sur les rangs de culture en arboriculture et maraîchage,
- l’optimisation de la mise en place de techniques de conservation de sol en implantant des légumes sur un couvert végétal préalablement couché dans le cadre d’un essai longue durée.
Projet Xp@irs : plus de couverts végétaux en maraîchage et cultures pérennes
Page du projet : https://www.grab.fr/projet-x-pairs/
Ce projet national, dont le GRAB est partenaire, vise à favoriser la pratique des couverts végétaux en maraîchage, arboriculture et viticulture. Il associe le réseau des Chambres, le Réseau Bio et des structures de recherche et d’expérimentation.
Vous retrouverez à ce lien un outil créé dans le cadre de ce projet, récapitulant une somme d’informations sur les différentes espèces de couverts végétaux et les doses de semis associées, pour faire vos calculs selon les doses de référence et implanter massivement des couverts végétaux sur votre ferme.
Les travaux de l’APREL sur les couverts végétaux en maraîchage
L’APREL mène depuis 2023 et jusqu’en 2028 le projet MACMA : Multi performance agroécologique des couverts végétaux dans les systèmes maraîchers sous abri.
Page du projet : https://aprel.fr/projets/macma/
Le projet MACMA a pour ambition de diversifier les couverts végétaux sur l’inter-culture d’été (thématique d’entrée) mais de développer aussi d’autres créneaux en inter-culture d’hiver ou en association avec les cultures maraîchères. Les essais mis en place dans ce collectif apporteront les connaissances nécessaires pour que la diversité des services écosystémiques apportés par les couverts puisse répondre à de nombreuses problématiques des maraîchers : régulation du climat, maîtrise des adventices, contrôle des bioagresseurs, fertilité des sols, gestion de l’eau, augmentation de la biodiversité…
Le collectif est composé de 4 maraîchers, chacun adhérent à un CETA (Centre d’Etudes Techniques Agricoles). Le projet a été construit par l’APREL à leur demande et soutenu par leurs conseillers. Ces 4 producteurs, pour moitié en production AB et dans des niveaux de diversification de culture différents sont selon nous, à l’image des exploitations maraîchères de la région.
Nos partenaires
Agribio 04 et Bio de PACA remercient l’ensemble des partenaires investis sur ce projet et dans la réalisation de ces supports :