Et sur le terrain ? Les services apportés par les couverts

Bien que les services apportés par les couverts végétaux s’observent et se mesurent sur du long terme, les 4 années de projet ont déjà permis d’extraire des résultats intéressants. Les données présentées ci-dessous sont issues des mesures réalisées entre 2017 et 2020 sur la parcelle expérimentale pilotée par Agribio 04 chez un agriculteur, à Gréoux-les-Bains (04).

Les apports fertilisants

Les couverts végétaux permettent d’apporter de l’azote via les légumineuses, mais également de préserver les stocks d’éléments minéraux indispensables à la croissance des plantes (phosphore, potassium, oligo-éléments…). Un sol couvert évite la perte de ces éléments par ruissellement, lessivage, érosion…

L’azote

L’azote contenu dans les légumineuses est fortement corrélé au développement de ces dernières, étant donné une concentration assez similaire (3 à 3,5%) dans la matière sèche entre les différentes plantes. Une légumineuse atteignant 2 tonnes de matière sèche à l’hectare (t MS/ha) est capable de stocker environ 50 unités d’azote, ainsi potentiellement d’en restituer la moitié à la culture suivante. Les couverts atteignant 2,5 ou 3 t MS/ha peuvent apporter des quantités significatives d’azote pour la culture suivante.

Couvert
N g/kg
Sud Perfo (mélange de pois fourrager, vesce, gesse, alpiste, radis)
36,21
Féverole variété Irena
30,85
Féverole variété Vesuvio
31,23
Ers
28,00
Vesce commune d’hiver, variété Mariana
32,47
Seigle
14,61
Vesce commune de printemps, variété Barvicos
35,32
Rotaroz (mélange de trèfle violet de trèfle blanc)
35,97
Trèfle violet
31,89
Biomax tardif (mélange sorgho, seigle, féverole, radis, lentilles, pois fourrager)
34,96
Biomax précoce (mélange sorgho, seigle, féverole, radis, lentilles, pois fourrager)
26,83
Tableau 1 Concentration en azote dans la biomasse aérienne des couverts
Figure 1 Azote stocké dans les parties aériennes des couverts en fonction de la biomasse produite (Essais 2017-2020, Gréoux-les-Bains)

L’irrigation est un moyen d’augmenter les restitutions en azote dans le système, du fait de sa capacité à accroître la croissance en biomasse des couverts en milieu méditerranéen (cf Figure 2).

Figure 2 Stockage de l’azote dans les parties aériennes des couverts végétaux avec et sans irrigation (Essais 2017-2020, Gréoux-les-Bains)

Dynamiques de dégradation des couverts et de minéralisation.
L’azote contenu dans un couvert est restitué progressivement à la culture suivante. On estime (INRAE Pusignan) que sera restitué dans l’année qui suit la destruction du couvert au maximum 50% de l’azote capté par ce dernier. Plus le couvert végétal est ligneux (rapport C/N élevé), plus l’azote sera restitué lentement et en faible proportion, du fait d’une dégradation plus lente du couvert (cf Figure 3). Ce sont donc les couverts constitués uniquement de légumineuses qui sont les plus efficaces pour obtenir un « effet fertilisant ».

Figure 3 Dynamique de dégradation des couverts végétaux dans le sol par la méthode du litter-bag (enfouissement de résidus de couverts dans le sol). Essai de Gréoux les Bains, printemps 2018
Le phosphore et la potasse

Les teneurs de phosphore et de potasse, éléments peu mobilisables dans le sol, sont peu impactées par la présence de couverts, même si ces derniers évitent qu’ils ne sortent de la parcelle par érosion ou ruissellement.

La maîtrise des adventices

La capacité des couverts à concurrencer les adventices dépend en partie de la biomasse de ces derniers (cf Figure 4), mais pas seulement.

  • Les couverts avec crucifères permettent de réguler efficacement les adventices, y compris pour des niveaux moyens de biomasse vivante (effet mulch des radis ou faible développement des moutardes) ;
  • Les couverts à forte biomasse mais peu couvrants (féveroles) sont peu efficaces pour réguler les adventices ;
  • Les vesces (variété Barvicos) à haut potentiel de biomasse sont plus efficaces que celles à plus faible (variété Mariana ou ers).
Figure 4 Capacité de régulation des couverts par les adventices (biomasse des adventices en fonction du couvert auxquelles elles sont associées) (Essais 2017-2020, Gréoux-les-Bains)

La capacité des mélanges à mieux concurrencer les adventices par rapport aux couverts en pure dépend fortement de leur qualité de composition (cf Figure 5).

Figure 5 Contrôle des adventices par des couverts en pure ou en mélange (Essais 2017-2020, Gréoux-les-Bains)

L’effet « herbicide » des couverts peut parfois se prolonger dans le temps après leur destruction, dans le cas où ils laissent au sol un important mulch. Ce peut être le cas avec des radis très développés (cf Photo 1).

Photo 1 Effet mulch d’un couvert de radis chinois après gel ayant permis un semis direct de maïs. En comparaison avec les couverts autour, comportant une importante pression en adventices (Essais 2017-2020, Gréoux-les-Bains).

Lutte contre l’érosion

Les risques d’érosion s’accroissent dans toute une partie de la Provence du fait de l’augmentation des pluies automnales. Les couverts végétaux permettent de prévenir ce risque, y compris avec de faibles biomasses (cf Tableau 2).

Photo 2 : Couvert d’ers, avoine, radis, sursemé dans une luzerne claire ayant comme biomasse de 0.7 t MS/ha en entrée d’hiver. Pas d’érosion constatée visuellement malgré plusieurs journées à 100 mm de précipitations (décembre 2019). P.Albouy à Forcalquier
Quantité de résidus (t/ha)
Ruissellement (% précipitations)
Érosion (t/ha)
O
45
12
0,25
40
3
0,5
25
1
1
0,5
0,3
2
0,1
O
4
O
O
Tableau 2 Diminution des risques de ruissellement et d’érosion par les résidus de couverts (Lionel Aletto)

Nos partenaires

Agribio 04 et Bio de PACA remercient l’ensemble des partenaires investis sur ce projet et dans la réalisation de ces supports :